LA DESOLATION DU TOMBEAU ET SON RETOUR AUX FIDÈLES
Son tombeau sera troublé à son tour.
Du Xe au XIVe siècle, après les invasions normandes, il faudra rénover et agrandir la basilique, mais la splendeur du site s'effacera vite.
François 1er en ôtera la grille d'argent pour financer son expédition vers Pavie (1525).
Mais c'est particulièrement lors des guerres de religion qu'une grande part fut anéantie.
En 1562, la tourmente s'abattra pendant cent jours sur la basilique, et tout le trésor accumulé au cours des âges sera anéanti; on jettera dans un brasier jusqu'au reliques des Saints ensevelis autour de Saint Martin, et lui-même ne trouva pas grâce...
Cependant, un prêtre responsable du tombeau, fut assez habile pour soustraire, avant qu'ils ne fussent jetés au feu, un fragment d'un bras et des fractions importantes du chef du Saint Evêque.
Hélas, les malheurs du saint lieu n'étaient pas encore terminés.
Lors de la Révolution française, la basilique est à nouveau pillée et transformée en écurie pour les chevaux de l'armée. De nombreux éléments de la toiture et de l'armature en fer conçue par Vauban pour soutenir les voûtes sont affaiblies par les âges et en 1797, une partie de celles-ci s'effondre.
Des fidèles demandent alors sa réfection, mais un préfet anti-religieux décrète la démolition pure et simple du monument qui subira ainsi le même sort que la cathédrale Saint Lambert de Liège. Une voie publique est tracée dans l'axe de la nef, et seules deux tours rappellent encore aujourd'hui les cinq clochers qui dominaient la cité.
Heureusement, le nouveau tracé de cette voie va sauvegarder, sous les décombres et dans le fondations des nouvelles maisons, ce qui demeure des pierres sacrées où tant de personnages illustres sont venu se recueillir. Les restes de l'ancien soldat d'Amiens ont toutefois encore put être sauvés de la tourmente révolutionnaire.
Le lieu du pèlerinage semblait être à jamais anéanti lorsque s'installe à Tours Léon Papin Dupont, un ancien magistrat qui à l'aide de volontaires entreprend des recherches et retrouve le 14 décembre 1860 les restes indéniables de l'ancien tombeau de Saint Martin.
La popularité du saint est toujours vivante et certains voudraient reconstruire une basilique semblable à l'ancienne, mais la ville refuse de rendre le terrain de la rue créée après la Révolution.
Aussi, un projet plus modeste sera réalisé, axé du nord au sud, et comprenant en son chevet le tombeau relevé à son emplacement exact.
Les travaux commencèrent en 1885 pour s'achever en 1902.
Lors d'une journée ensoleillée, le choeur de l'édifice est éclatant de lumière grâce au ouvertures pratiquées dans le dôme.
Un haut ciborium au fond du sanctuaire abrite un reliquaire qui contient quelques fragment du Saint Patron des Arquebusiers.
L'édifice rappelle aussi les premiers constructeurs: Saint Perpete et Saint Brice ainsi que les nombreux pèlerins célèbres: Clovis, Charlemagne, Saint Louis, Charles IV le Bel, SaintJeannne d'Arc et d'illustres chanoines de l'ancienne collégiale: le Bienheureux Hervé et Saint Odon.
Dans la crypte, un mausolée a été dressé à l'emplacement du caveau retrouvé en 1860. A travers ses grilles, on peut apercevoir un petit reliquaire. Nous sommes à l'endroit exact où s'agenouillèrent d'illustres visiteurs et de nombreux saints comme Sainte Clotilde, Sainte Geneviève, Saint Eloi, Saint Louis, Sainte Jeanne d'Arc et Saint Vincent-de-Paul pour ne citer que les plus célèbres.
Cette crypte incite au recueillement et est loin d'être un endroit triste et sinistre.
Une certaine chaleur se dégage des pierres blanches et les murs sont couverts d'ex_voto gravés à même la pierre et souvent accompagnés des blasons des donateurs dont les émaux ajoutent une note vivement colorée.
Tous sont des remerciements envers celui qui a apporté aide et protection dans les moments difficiles et l'on en retiendra deux particuliers: "Ange Joseph Roncalli, humble client de Saint Martin de Tours" qui n'était autre que le Pape Jean XXIII qui vint à plusieurs reprises prier sur le site et celui d'un militaire célèbre qui effectua le pèlerinage en remerciement de la victoire:
"A Saint Martin, 11 novembre 1918, Foch Maréchal de France"
Les Chrétiens y vont pour vénérer un saint. D'autres y vont pour rendre hommage à la valeur d'un homme à la vie exemplaire toute faite de charité envers les autres et qui deviendra l'emblème du Secours d'Hiver.
On retrouve ainsi selon sa pensée personnelle, la foi en Dieu, la foi en l'Homme et la foi en un Idéal.
SAINT MARTIN AUJOURD'HUI
Fêté le 11 novembre, diverses manifestations sont organisées dans différentes communes, à différents titres puisqu'il est vénéré en tant que patron des fantassins et piétons, protecteur des chevaux, patron des drapiers, des couturiers, des tailleurs, des gantiers et des tisserands, sans oublier les arquebusiers à Visé, et les vignerons puisque selon la tradition, il fut l'importateur de la vigne dans le val de Loire.
Lors de sa fête, divers feux sont allumés dans certaines localités où se déroulent des cortèges avec flambeaux et lampions: à La Calamine, Malmédy, Visé, Eupen, Xhoffrai.
En Rhénanie et dans certaines régions de Flandre, la Saint Martin est restée la fête desenfants, attendue avec autant d'impatience que la St Nicolas.
Sa fête était autrefois chômée et rivalisait avec celle de la Saint Jean.
Saint Martin devint tout naturellement le Patron des Arquebusiers de Visé en 1579 lors de leur fondation.