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La vie des Saints, les pèlerinages sur la sainteté, le vie de l'église, la vie missionnaire

La sainteté aujourd’hui : Claire de Castelbajac

Sa jeunesse rayonnante, illuminée par le bonheur d’aimer Dieu en dépit des difficultés, apparaît aujourd’hui comme un chemin à emprunter par tous les jeunes à la dérive qui ignorent la joie de vivre. La cause de béatification de cette jeune fille apparemment comme les autres est en cours d’élaboration. Un cadeau de Dieu pour notre temps qui désespère...

Extrait du Permanences n°443.


Claire-de-CASTELBAJAC.jpeg
Soeur Emmanuelle [1], vous êtes postulatrice de la cause de béatification de Claire de Castelbajac, pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre travail et quel est l’état d’avancée actuel du procès ?

Sr Emmanuelle Desjobert : En tant que postulatrice j’ai la mission de soutenir la cause et de faire avancer la procédure. Dans le cadre de l’enquête diocésaine, ouverte en 1990, de nombreuses personnes ont été interrogées et un volumineux dossier a été constitué. Nous espérons pouvoir le porter rapidement à la Congrégation pour les Causes des Saints. Nous veillons bien sûr à ne pas anticiper les décisions de l’Église quant à l’aboutissement de la cause.

Pouvez-vous nous donner les grandes lignes de la vie de Claire ?

Sr E : Claire est née le 26 octobre 1953 dans une famille profondément chrétienne. Elle reçoit de ses parents une éducation remarquable et acquiert très tôt un grand sens spirituel. À partir de 1959 elle habite une vaste demeure familiale en pleine campagne gerçoise. Ce cadre paisible la marque profondément et le contact de la nature associé à sa sensibilité développent sa capacité d’émerveillement. C’est d’ailleurs son sens artistique qui motivera le choix de ses études supérieures.

À son entrée en sixième Claire part comme pensionnaire chez les religieuses du Sacré-Coeur de Toulouse. Cette première séparation est une épreuve douloureuse mais elle va donner à Claire l’occasion de nouer de nouvelles amitiés solides. Dans ce cadre très porteur sa vie spirituelle s’épanouit et devient plus personnelle.

Elle termine ses études secondaires chez les dominicaines de Seilh et au moment de passer son bac doit subir une hospitalisation de plusieurs mois pour une sciatique.

Après une demi-année d’histoire de l’art à la faculté de lettres de Toulouse, Claire part en Italie. Elle va préparer le Concours de l’Institut Central de Restauration appelé "Restauro". Reçue en décembre 1972 elle s’installe alors à Rome.

Soudain immergée dans un milieu agnostique et matérialiste Claire connaît alors une période de déroute intérieure. Elle se laisse prendre au jeu d’une vie superficielle et sombre dans une grave crise spirituelle. Elle est au bord de perdre la foi.

Les Congrès de Lausanne [2] auquels elle participe à plusieurs reprises ces années-là font partie des points de repère qui l’aident à garder le cap !

La dernière partie de sa vie est celle de sa reprise en main. Un pélerinage en Terre Sainte qu’elle fait à l’automne 1974 est décisif pour sa vie de Foi. Selon ses dires Claire rentre profondément convertie, brûlée intérieurement par la miséricorde du Christ.

À partir de ce moment-là elle se rend plus profondément disponible à l’action du Saint Esprit.

Elle est alors envoyée à Assise pour travailler à la restauration des fresques de Simone Martini dans la basilique inférieure, c’est un temps de grâces. Quelques semaines plus tard, elle rentre en France pour passer Noël, elle tombe malade et est emportée en quelques jours par une méningite foudroyante.

Une vie heureuse en somme ?

Sr E : Oui, même si les difficultés rencontrées sont bien réelles. D’abord, Claire a connu de nombreuses épreuves de santé : diphtérie, douleurs de tête, de dos, problèmes respiratoires... Une accumulation de maux petits ou grands qui aurait pu faire d’elle une enfant puis une adolescente maladive et repliée sur elle-même. Des souffrances morales ensuite liées aux circonstances de sa vie mais aussi à sa profonde sensibilité.

Et puis il ne faut pas passer trop vite sur la période de crise qu’elle traverse à Rome. Isolée dans un contexte difficile elle va se laisser griser par une soi-disant liberté et l’univers mondain et brillant dans lequel elle évolue. Elle vit là un vrai combat qui la replace devant un choix sans équivoque : suivre le Christ ou adhérer aux attraits du monde.

Claire avait de nombreux talents, quels sont les efforts qu’elle doit fournir pour les faire fructifier ?

Sr E :Claire avait une personnalité extrêmement riche et contrastée. Passionnée et entière, à la fois extravertie et très pudique sur sa vie intérieure elle aspire à toujours plus avec un idéal élevé. Une de ses grandes difficultés sera d’unifier tous ses dons et talents pour les orienter vers les autres et vers Dieu.

Prenons l’exemple de sa joie. C’est souvent ce qui frappe le plus chez elle. Claire a un tempéremment naturellement joyeux, elle est enthousiaste au sens fort du mot. Enfant elle écrit à ses parents : "J’ai du bonheur en trop ça déborde, voulez-vous que je vous en donne ?" Au quotidien, cette énergie risque parfois de partir dans tous les sens et de rendre Claire assez envahissante ! D’ailleurs, elle restera désordonnée toute sa vie.

Pourtant, à travers son abondante correspondance on perçoit aisément l’évolution de cette joie. Elle devient de plus en plus profonde, maîtrisée, fruit de son union à Dieu :"Mais sentez-vous à quel point je suis heureuse ? Je me suis demandé toute la journée si la communion des cœurs existait à ce degré ? Je suis dans la félicité, la béatitude jamais expérimentée jusque là ; pourtant, Dieu sait combien je croyais qu’on ne pouvait être plus heureux que moi. C’est de la même valeur que le bonheur, que l’on envie, de ces religieux cloîtrés ou moniales si rayonnants." (Lettre à ses parents, 12.11.1974)

Claire se laisse totalement envahir par le Seigneur et comme Il est l’Amour infini le bonheur de sa présence est lui aussi sans fin..."... je suis très heureuse, et j’apprends par expérience qu’il y a toujours un bonheur plus profond qu’on ne croit." (21.11.1974)

Elle n’a alors plus qu’un désir, celui d’être une louange vivante à Dieu, de demeurer sans cesse dans cette plénitude et elle déclare quelques jours avant sa dernière maladie :"Je suis tellement heureuse que si je mourais maintenant, je crois que j’irai au ciel tout droit, puisque le ciel c’est la louange de Dieu, et j’y suis déjà." (vacances de Noël 1974)

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