La vie des Saints, les pèlerinages sur la sainteté, le vie de l'église, la vie missionnaire
On avait encore au XIXe siècle, dans la cathédrale d'Aix, l'oratoire de Saint-Sauveur édifié par saint Maximin et Marie-Madeleine. Il a été démoli. On a trouvé à Saint-Victor de Marseille une très ancienne inscription chrétienne, la plaque funéraire de Volusianus et Fortunatus, et à la Gayolle, près de Brignoles dans le Var le plus ancien sarcophage chrétien de France.
Mais il fallut attendre Constantin au IVe siècle pour que les chrétiens puissent s'exprimer au grand jour. Les vestiges que nous avons de ces premiers temps du christianisme sont le reflet d'une Eglise déjà très vivante: de superbes sarcophages dont celui de Marthe et de Marie-Madeleine et des baptistères.
Les premiers chrétiens baptisaient les adultes par immersion dans un édifice spécifique nommé baptistère, situé près d'une église et souvent consacré à saint Jean-Baptiste. La base en était un bassin alimenté en eau. La taille du baptistère était proportionnelle au nombre des chrétiens et son luxe à la richesse de l'Eglise locale. Ils ont donc été agrandis et enrichis au fil des siècles. Les vestiges qui ont pu être étudiés prouvent à quel point l'Eglise était florissante entre Aix, Marseille et Saint-Maximin au Ve siècle :
Saint-Maximin
En 1993, à côté de la basilique de Saint Maximin, des fouilles archéologiques mirent à jour un baptistère d'un plan carré de 10 m de côté, avec une piscine baptismale hexagonale d'1,43m de diamètre, des colonnades et des chapiteaux, des restes de mosaïques et des petits vases à eau bénite. Il était contigu à une basilique paléo-chrétienne du IVè siècle et daterait du Ve, époque à laquelle saint Cassien a pu baptiser les nombreux pèlerins qui demandaient le baptême. Par son importance il égale ceux de Fréjus et Riez qui étaient villes épiscopales,
Aix-en-Provence
Le baptistère d'Aix se trouvait près de l'oratoire de Saint-Sauveur. Il est du Ve siècle, superbe lui aussi, entouré de huit colonnes antiques, de plan octogonal. La cuve baptismale, d'époque paléochrétienne est plaquée de marbre. Il est plus grand que celui de Saint-Maximin ce qui est normal puisque Aix était le siège de l'évêché.
Les pèlerinages
Pour les chrétiens, partir en pèlerinage c'est faire une démarche spirituelle, quitter son quotidien pour mettre ses pas dans ceux du Christ, de la Vierge Marie ou des saints, demander leur protection et obtenir la rémission de ses péchés. Qu'on aille en Terre Sainte, à Rome, à Saint Jacques de Compostelle ou bien en Provence, les routes sont balisées de sanctuaires. Très tôt, l'accueil et la garde des lieux saints s'organisent. Ainsi, saint Cassien installe des moines à la Sainte Baume et à Saint-Maximin dès le Ve siècle. Ainsi, on sait que Clovis vint à Tarascon en 500, « frappé par la grandeur et la multitude des miracles », et que « à peine eut-il touché la tombe de la sainte, qu'il fut délivré d'un mal de reins très grave, qui l'avait vivement tourmenté » nous dit Raban Maur. Mais du VIe au Xe siècle la Provence va connaître des périodes troublées par la peste, les invasions sarrasines. Dès le XIe siècle les pèlerins reprennent la route en grand nombre. Les croisés descendent dans le Midi où ils embarquent pour la Terre Sainte. Saint Louis en 1248, avant d'embarquer à Aigues-Mortes pour la septième croisade, va se recueillir à Vézelay sur les reliques de Marie-Madeleine (on croyait que le corps de la sainte y avait été transporté). Six ans après, en 1254, à son retour, le moral très affecté par l'échec de la croisade, il débarque à Hyères et se rend à la Sainte Baume et à Saint-Maximin.
La route de Saint-Jacques de Compostelle pouvait passer par la Provence car il était plus aisé et moins dangereux d'aller à Compostelle par la mer que par la terre. On embarquait donc à Marseille. Un bon exemple est celui de sainte Brigitte (la patronne des pèlerins) qui quitta la Suède en 1321 et se donna une année pour faire son aller et retour à Compostelle. Elle viendra à la Sainte Baume et à Saint-Maximin, à Tarascon et à Arles avant d'embarquer à Marseille.
D'ailleurs, au pied de la Sainte Baume l'église est consacrée à saint Jacques.
De nombreux rois et reines sont montés à la Sainte Baume. Le superbe chemin que l'on emprunte pour atteindre la grotte ne s'appelle-t-il pas le Chemin des Rois? Le « Bon Roi René », Louis XI et François Ier, Henri IV, Louis XIII y sont venus et, en 1660, Louis XIV aussi, accompagné de sa mère Anne d'Autriche. Il présida à la translation des reliques de Marie-Madeleine dans une urne de porphyre. (Leur chemin devait les mener ensuite à Cotignac). De plus, les rois se montrèrent très généreux envers les sanctuaires et les religieux qui les gardaient. Ainsi, si la basilique de Saint-Maximin est dite « royale », c'est que sa construction et son entretien furent financés par les comtes de Provence puis par les rois de France jusqu'à la Révolution. Il fallut attendre Louis XVIII et le pontificat de Pie VII pour que revive la Sainte Baume: en 1822, le pèlerinage du lundi de Pentecôte draina plus de quarante mille personnes à la grotte.