La vie des Saints, les pèlerinages sur la sainteté, le vie de l'église, la vie missionnaire
Epoque : né en 742, mort en 814
Titre : Charles 1er dit Charlemagne (Carolus Magnus), empereur d¹Occident.
Fête : 28 janvier
Etymologie : germain karl (vigoureux).
Canonisé par l¹anti-pape Pascal III le 29 décembre 1165.
Culte local à Aix-la-Chapelle
Saint patron de la Sorbonne en 1661.
Défenseur du Saint siège, protecteur des Lieux saints.
Pourquoi peut-on considérer Charlemagne comme bienheureux ? Ne lui reproche-t-on pas le massacre de saxons, ses concubinages, sa barbarie ?
C¹est Frédéric 1er Barberousse qui obtient de l¹anti-pape Pascal III la canonisation de Charlemagne, le 29 décembre 1165. Le pape Alexandre III, ni aucun successeur ne vont aller à l¹encontre de cette décision. Charlemagne a un culte local à Aix-la-Chapelle, où ses reliques sont enchâssées. Le peuple l¹a reconnu comme saint. Une tolérance s¹installe autour de la Saint Charlemagne. Charles V, roi de France, veut faire de l¹empereur, à côté de saint Louis, le saint patron de la maison royale. Jeanne d¹Arc a dit à Charles VII : "Saint Louis et saint Charlemagne sont à genoux devant Lui, faisant sa prière pour vous ". Louis XI fait de la Saint-Charlemagne un jour férié (célébré comme un dimanche sous peine de mort). C¹est au XVIe siècle que Charlemagne disparaît de l¹ordo et du Bréviaire. Son culte n¹est plus intégré dans la liturgie. En 1661, la Sorbonnele choisit comme patron. En 1734, le futur Benoît XIV écrit : " Rien ne s¹oppose, semble-t-il , à ce que le culte de Charlemagne soit célébré dans les Eglises particulières. " Dans un traité, il précise que cette tolérance assure à Charlemagne le titre de bienheureux. Le pape Pie IX en 1850, dans une lettre au Cardinal de Geissel, archevêque de Cologne, prohibe l¹extension du culte. Les pèlerins viennent donc l¹honorer et le prier à Aix-la Chapelle et à Metten. En France, la solennité est maintenant purement civile. Dom Guéranger mentionne très longuement Charlemagne dans son année liturgique.
Jusqu¹à la fin du VIIIe siècle, la terre saxonne résiste de toutes ses forces aux influences romaines, franques, ou chrétiennes. C¹est même le point de départ de nombreuses incursions barbares à l¹origine d¹une instabilité régionale. Avec l¹assentiment de Charlemagne, l¹évangélisation commence avant 770. Mais en vain, car les missionnaires se font tuer. Avec l¹accord du clergé, des officiers et des principaux monastères, Charlemagne lance une expédition de démonstration de force contre les Saxons. C¹est un échec. Sous la direction de leur chef Witukind (selon la tradition aïeul de Robert le Fort et aïeul de sainte Mathilde), les barbares retournent à leurs idoles et à leurs pillages. En 782, Charlemagne décide alors une répression exceptionnelle. C¹est à ce moment que se situe ce que certains historiens appellent le massacre de Verden-sur-l¹Aller, où quatre mille cinq cents Saxons sont livrés à Charlemagne par les chefs saxons et décapités. Le fait est exact. Il faut ajouter le motif de leur condamnation : après enquête, jugés traîtres pour avoir renié leur baptême et trahi les chefs à qui ils s¹étaient soumis. Précisons de plus qu¹il s¹agit aussi d¹un véritable procès selon des procédures propres à la justice militaire de l¹époque. L¹exemplarité est recherchée pour mettre fin à de nombreuse années de désordre dans cette région. Il est clair que la mentalité de l¹époque, encore peu civilisée, préfère la violence. Charlemagne a certainement conscience de son rôle providentiel de combattant pour la foi. Il cherche à conquérir des nations, non pour la puissance seulement, mais surtout pour les convertir toutes entières à Dieu.
Dans le Capitulaire de Saxe, publié peu de temps après, Charlemagne édicte que seront punis de mort (en 7997), cette peine de mort fut abolie) les incendiaires, les traîtres, les meurtriers, et tout saxon qui refusera le baptême, ou refusera la loi du jeûne, après examen d¹un prêtre. Heureusement, Alcuin et le pape Hadrien s¹adressent alors à Charlemagne pour lui préciser : " la foi est un acte de volonté et non de contrainte. Il est permis de solliciter la conscience, non de la violenter. Qu¹on envoie aux saxons des prédicateurs et non des brigands " (Alcuin).
Malgré Verden et le Capitulaire, les Saxons redoublent de fureur, une guerre sans pitié s¹ensuit. En 785, les deux nations sont épuisées. Charlemagne offre la paix à Witukind qui demande et reçoit le baptême à Attigny, choisissant Charlemagne comme parrain. La tradition veut que Witukind soit converti par Dieu lui-même lors d¹un miracle opéré dans la sainte Eucharistie. Witukind reconstruit les églises qu¹il avait abattues et en fait édifier de nouvelles. Il meurt en 804 lors d¹une guerre contre les Suèves. Des églises particulières l¹honorent comme un saint le 7 janvier.
Charlemagne a compris les raison de son échec, il propose la paix en garantissant le respect de certaines coutumes saxonnes. Ainsi il leur permet de vivre librement la naissance de la civilisation chrétienne. L¹Eglise et les nombreux moines ou saints courageux de ces temps ont fait beaucoup. Citons saints Liadwin, Sturm, Willehad et Liudger.
Charlemagne doit être considéré comme un grand bienfaiteur de l¹Eglise et de la civilisation. Il arrête pour toujours l¹invasion des Barbares et assure une paix durable. En 799, il sauve le pape Léon III. Il s¹inspire de la Cité de Dieu de saint Augustin pour concevoir la loyauté et le service de chacun. Il fait passer la réforme des m¦urs avant celle des lois. Les marchés publics et les foires coïncident avec des fêtes religieuses, ce qui développe le commerce. Il décide la création d¹un hôpital, à côté de chaque monastère, ainsi que la création d¹une école gratuite dans chaque paroisse, pour serfs et hommes libres.
Devenu empereur d¹Occident, Charlemagne sait respecter le principe naissant de l¹indépendance du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Il s¹intitule " le défenseur et l¹auxiliaire de la sainte Eglise dans tous ses besoins ". Il rend aux papes les plus grands honneurs, respecte leur autorité venant de la foi et cherche à transmettre la foi dans la société. " Nous savons, dit un capitulaire de Charlemagne, que, suivant la tradition des saints Pères, les biens d¹Eglise, don de la piété des fidèles et prix de la rédemption de leurs péchés, sont les patrimoines des pauvres. Nous statuons donc que jamais, ni sous notre règne, ni sous celui de nos successeurs, il ne sera permis de rien soustraire, de rien aliéner de ces biens sacrés. "
Charlemagne est aussi le protecteur des Lieux saints. Le calife de Bagdad, Haroun-Al-Raschid, lui envoie les clefs du Saint-Sépulcre et l¹étendard de Jérusalem.
On reproche cependant à Charlemagne ses m¦urs privées. On peut compter neuf femmes ; le veuvage n¹explique pas tout et la répudiation est certainement à l¹origine de quelques changements d¹épouse. les principes sur les empêchements de mariage sont encore trop flottants. Nous n¹avons aucune trace de contemporains de Charlemagne le blâmant. Le premier sera Walafrid Strabon au milieu du Ixe siècle. L¹hagiographie retient sa troisième femme, la bienheureuse Hildegarde, née en 757, morte en 783, mère de huit enfants, et fêtée le 30 avril. Elle est un exemple de vertu chrétienne pour la cour et sa famille. Elle fait un don important à l¹abbaye de Saint-Arnoul de Metz, où elle est entérée selon ses v¦ux ; L¹abbé de Kempten (lieu où a été transférée une partie de ses reliques) écrit sa vie en 1472, narrant de nombreuses guérisons vérifiées et survenues sur sa tombe.
Quant à Charlemagne, il n¹a ni barbe fleurie, ni la voix de tonnerre, ni le regard terrible, mais le ventre proéminent, une voix perçante et grêle pour son corps robuste.
Charlemagne est un souverain chrétien dont l¹apport à la civilisation européenne est indéniable et encore visible aujourd¹hui.
Tiré du livre " Les Saints de souches royales " DES CHRETIENS Bienheureux du Seigneur d¹Etienne Lelièvre Edition Le Sarment FAYARD
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