Saint Denis, premier évêque de Lutèce des Parisiens (act. Paris), et ses compagnons, les saints Rustique et Eleuthère, tous trois martyrs (v. 250), inhumés à Catolacus (ou vicus Catulliacus, act. Saint-Denis) et antiques protecteurs de la monarchie française.
Sainte Geneviève, patronne de Paris (voir sa fête au 3 janvier), fit construire une basilique sur l’emplacement de la triple sépulture et Dagobert Ier (+ 638) l’enrichit si bien qu’il passa par la suite pour être le fondateur de l’abbaye ; il s’y fit inhumer à côté d’autres Mérovingiens et cette église devint progressivement la principale nécropole des rois et des princes. Une communauté monastique fut sur place dès le VIIe siècle. Charles Martel s’y fit inhumer (741) et son fils Pépin le Bref, y fut sacré par le pape Etienne II, en compagnie de ses propres fils, Charlemagne et Carloman (754). Pépin le Bref y fut inhumé à son tour et, en 775, Charlemagne célébrera la dédicace de la nouvelle église, où Charles II le Chauve sera lui aussi inhumé (+ 877) ; il avait été abbé laïc et les Robertiens* y furent aussi abbés et inhumés. « Les liens entre la monarchie et l’abbatiale apparaissaient indissolubles » (Alain Erlande-Brandenburg). Dans un bâtiment complètement transformé par l’abbé Suger et d’autres après lui, étaient conservés l’oriflamme Montjoie qui guida les armées de 1124 à 1415, et qui était réputé d’origine carolingienne ou même céleste. Là encore étaient gardés les insignes du pouvoir des rois et des reines pour le sacre de Reims. De prestigieuses reliques sacralisaient elles aussi un espace considéré comme l’un des centres mystiques de la France : le saint clou et la sainte épine dans la sainte couronne, en étaient les plus célèbrent. Les reines y furent sacrées et couronnées, d’Anne de Bretagne à Marie de Médicis. Les moines de Saint-Denis ne devaient pas être étrangers à l’élaboration des acclamations royales (Laudes regiae) au début du règne de Pépin le Bref et plusieurs d’entre eux contèrent l’histoire de France dès le XIIe siècle, engendrant ainsi les Grandes Chroniques de France. Louis XIV fit cependant ce qu’il fallait pour qu’il n’y ait plus d’abbé et la tornade des événements catastrophiques de la fin du XVIIIe siècle anéantit la communauté monastique plus que millénaire, les trésors, les tombes… Les bâtiments furent saccagés. Ancienne abbaye royale, Saint-Denis est devenu cathédrale d’un nouveau diocèse (1966) et les bâtiments du monastère sont occupés par les demoiselles de la principale des maisons d’éducation de l’ordre de la Légion d’honneur. Quelques dynaste du XIXe siècle y dorment de leur dernier sommeil et les tombes font de l’église un véritable musée de la statuaire ; une chapelle latérale (Saint-Martin évêque) conserve comme trésor les objets royaux, princiers et chevaleresques des obsèques de Louis XVIII et du duc de Berry, épaves restaurées des fastes d’autrefois. Une association culturelle veille aux intérêts de l’église et de tout ce qu’elle représente : c’est le Mémorial de France à Saint Denys, dont le président et M. le duc de Bauffremont. Monseigneur le duc d’Anjou et de Cadix en est président d’honneur.
* Descendants de Robert le Fort (= 866) jusqu’à son arrière-petit-fils Hugues Capet.