L’œuvre du père Brottier est surtout connue à travers les « Apprentis Orphelins d’Auteuil ».
C’est oublier le missionnaire et l’aumônier militaire dont le dévouement marque ce vingtième siècle commençant.
Originaire du diocèse de Blois.
Daniel Brottier naît à la Ferté-Saint-Cyr le 7 septembre 1876. Son caractère entier et combatif fait de lui un camarade apprécie pour son humour et son esprit malicieux, possédant toujours plus d’un tour dans son sac, mais dont l’exubérance déroute ses supérieurs.
Pourtant Daniel veut être pape, prêtre et missionnaire !
Devant la persistance de sa vocation religieuse, ses parents l’envoient au séminaire de Blois où, malgré les redoutables migraines qui le poursuivront toute sa vie, il travaille assidûment, et reçoit le sacrement de l’ordre à vingt-trois ans.
Aussitôt son évêque, décelant chez lui les qualités d’un éducateur hors pair, l’envoie au collège militaire de Pontlevoy.
Pris en affection par les adolescents dont il a la charge, il introduit dans l’établissement plusieurs activités nouvelles dont la photographie ; cependant, son rêve de missionnaire le poursuit et après quelques temps de réflexion il sollicite son admission chez les pères du Saint-Esprit, ordre fondé par un juif converti, Jacob Libermann ; mais au lieu de partir pour la brousse, ainsi qu’il le souhaitait, il est nommé vicaire à Saint-Louis du Sénégal, en pleine ville.
Quittant la France à vingt-sept ans, il débarque à Dakar où il note déjà la vétusté de l’église paroissiale.
A Saint-Louis, son apostolat s’exerce chez les colons comme chez les indigènes.
C’est dans ce cadre qu’il met à profit ses multiples talents : il crée un atelier de couture pour les filles, monte une troupe de théâtre, organise des conférences, soutient activement la fanfare, développe l’agronomie et l’horticulture et crée même « la mangue-Brottier ».
Mais un jour il fait une mauvaise chute de cheval qui ébranle sa santé, et l’oblige à renoncer à l’Afrique.
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Après une retraite à l’abbaye de Lérins, il s’installe à Paris et, sur l’initiative de l’évêque de Dakar, lance le projet de construction de cathédrale en cette ville.
Pour trouver les fonds nécessaires, il utilise la presse et la publicité. Mais l’entreprise est interrompue par la déclaration de guerre.
Engagé dans le corps des aumôniers volontaires, il défie quotidiennement la mort par son zèle incessant auprès des soldats en première ligne, et revient indemne.
Il découvre alors qu’on l’avait placé sous la protection de sainte Thérèse de Lisieux qui, à cette date, n’est pas encore béatifiée, il en fera la protectrice de sa vie.
En 1923 lui est confiée l’œuvre des Apprentis Orphelins d’Auteuil, fondée en 1866 par l’abbé Roussel, et qui connaît de grandes difficultés.
Son premier geste est de construire une chapelle dédiée à sainte Thérèse, dont il fait la patronne de l’ œuvre.
Pour faire connaître cette dernière, le père utilise la publicité dans le métro, initiative qui surprend beaucoup dans les milieux chrétiens : les dons affluent, et Auteuil renaît malgré l’arrivée de nouveaux pensionnaires dont le nombre va souvent au-delà des places disponibles.
Pour accueillir au mieux cette enfance malheureuse, le père Brottier agrandit les bâtiments et place des pensionnaires à la campagne.
Son activité est débordante, il tient lui-même à répondre au courrier incessant, mais sa santé l’empêche d’assister à l’inauguration de la cathédrale de Dakar, dont il fut le maître d’oeuvre.
Il meurt le 28 février 1936. Son œuvre suscite une grande admiration tant pour sa richesse que pour son audace.
Jean-Paul II le béatifie le 24 novembre 1984.
Ephata Le Sarment Fayard Tome 2 p. 1859